Linky, Gazpar : faut-il se méfier des nouveaux compteurs en cours d’installation en Normandie ?

Linky, Gazpar : faut-il se méfier des nouveaux compteurs en cours d’installation en Normandie ?

Énergies. Dans leurs robes vert anis ou jaune canari, ils paraissent inoffensifs et pourtant ils inquiètent. Les nouveaux compteurs Linky et Gazpar font entrer la distribution d’électricité et de gaz dans le XXIe siècle. Pour le meilleur ou pour le pire ?

On dit qu’ils sont intelligents et communicants. Sont-ils si malins que ça ? En tout cas, les compteurs Linky, dont 35 millions d’exemplaires doivent être installés en France, et dans une moindre mesure Gazpar (lire ci-dessous), font polémique. Le premier est de la même taille que votre compteur actuel. Mais il est vert anis et surtout bourré d’informatique. Ce qui le rend suspect de tous les maux. À tort ou à raison ? Difficile à dire…

Pour ERDF (filiale à 100 % d’EDF, chargée de la gestion de 95 % du réseau de distribution d’électricité), cet investissement à 5 milliards d’euros va révolutionner notre manière de consommer l’électricité. Au revoir l’employé qu’il faut attendre une demi-journée pour qu’il relève le compteur tous les six mois. La facture sera établie à partir de chiffres relevés à distance. Bonjour les économies : en permettant de suivre sa conso, le client pourra s’apercevoir que le convecteur électrique de la salle de bains laisse une grosse trace sur la facture…

Même les régies d’électricité municipales s’y mettent. « Les directives européennes nous imposent d’avoir des compteurs communicants, explique Frédéric Hardouin, directeur de la régie d’Elbeuf, la seule de Normandie. Nous avons lancé un appel d’offres avec les autres régies pour trouver un ou plusieurs constructeurs. » Les 10 500 compteurs électriques que compte la commune seront changés en fin d’année ou en début d’année prochaine.

REFUSÉ PAR PRÈS DE 140 COMMUNES

Mais l’entrée de cette technologie dans la maison ne se fait pas sans dégât. Ou tout du moins sans inquiétude. Premier souci, le Linky peut devenir un véritable « big brother », enregistrant sans faillir «l’heure à laquelle vous vous levez, ou si vous accueillez trois personnes alors que vous êtes censé vivre seul », dénonce la Ligue des droits de l’homme, qui s’est emparée du sujet et demande un moratoire, le temps d’obtenir des informations précises. Mais la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a donné son aval, tout en posant des règles pour encadrer l’utilisation des données.

Second problème, soulevé notamment par l’association Robin des Toits, les ondes électromagnétiques dangereuses pour la santé. Linky est en effet connecté à l’aide du courant porteur en ligne. Il peut y avoir un rayonnement au niveau des câbles, classé « cancérigène possible » par l’Organisation mondiale de la santé, mais il rayonne, selon l’Agence nationale des fréquences, 120 fois moins qu’un fer à repasser ou un réfrigérateur.

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Il n’empêche. Près de 140 communes en France (leur nombre augmente chaque jour, voir sur refus.linky.gazpar.free.fr) ont voté des délibérations interdisant l’entrée du compteur Linky d’ERDF dans les foyers. Légal ? Pas légal ? Ces prises de position pourront donner lieu à de belles joutes judiciaires. D’autant qu’après Linky vient Gazpar, le compteur communiquant de GRDF. Les données qu’il enregistrera seront certainement moins stratégiques mais il rayonnera tout autant. En attendant la généralisation des compteurs communicants d’eau…

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L’exploitation des données reste controversée

Qu’en est-il de la protection des données avec le compteur Linky ?

Éric Naizet : « Les informations ne seront enregistrées qu’une fois toutes les 24 heures. Nous ne disposerons donc que d’un index global, à partir duquel nous serons bien incapables de dire si c’est le reflet de la consommation d’une ou plusieurs personnes ou encore quel est le type d’appareil utilisé. Pour ce faire, il faudrait que chaque appareil soit relié ! Par ailleurs, le client reste propriétaire de ses données. Nous ne pourrons pas les transmettre à des fournisseurs ou d’autres prestataires. »

Stéphane Lhomme : « On veut nous mettre des « Big brother » dans les maisons tout en nous disant qu’ils ne serviront pas. On se moque de nous ! Quel sera notre gouvernement demain ? Qu’est-ce qui nous dit que ces informations ne seront pas utilisées à des fins sécuritaires, policières, voire économiques ou commerciales ? »

Les inquiétudes sur le rayonnement de ces compteurs sont-elles fondées ?

E. N. : « Aucune étude n’a prouvé la nocivité de ces ondes, malgré les rumeurs répandues par nombre d’associations. 11 millions de nos clients possèdent des ballons d’eau chaude qui fonctionnent avec du courant porteur en ligne. Et que dire de certains « veille-bébés » qui marchent avec des ondes radio-téléphoniques ou avec du courant porteur en ligne ? Par ailleurs, 50 % des compteurs sont éloignés des logements. Les autres sont enfermés dans des placards, fonctionnent avec des câbles qui courent dans des gaines… »

S. L. : « Il existe une controverse quant à ces ondes électromagnétiques. Certes, des études indiquent qu’elles ne présentent aucun danger. Mais l’Organisation mondiale de la santé émet des doutes très importants. Elle classe même ces ondes comme cancérigènes possibles. On parle beaucoup de Linky, mais ensuite, ce sera Gazpar puis les compteurs d’eau. Si on se laisse faire, nous serons entourés de compteurs qui rayonneront modérément peut-être, mais en permanence. Ondes nocives ou pas, on ne veut pas servir de cobaye pour trancher la question. »

Les communes ont-elles le droit de refuser la pose des compteurs sur leur territoire ?

E. N. : « Elles ne peuvent pas refuser. Les communes ou les communautés de communes ont en très grande majorité délégué la distribution de l’électricité sur leur territoire. Par ailleurs, il s’agit d’une décision gouvernementale : un décret impose à ERDF la mise en place de ces 35 millions de compteurs. »

S. L. : « Là encore, il y a une controverse. ERDF dit que c’est illégal. Ça se discute. ERDF s’occupe de la distribution de l’électricité mais le réseau basse tension, du transformateur jusqu’aux compteurs, reste la propriété des communes. Qui seront aussi propriétaires des Linky. À Saint-Macaire, en Gironde, où je suis conseiller municipal, nous avons adopté une délibération dans ce sens. De toute façon, au-delà de la légalité se pose le problème de la légitimité : si de nombreuses communes refusent, les autorités devront bien en prendre acte. »

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