Les risques des courants électriques parasites

En juin 2003, une plaquette de 40 pages intitulé « Mieux connaître les risques des courants électriques parasites dans les exploitations d’élevage » a été réalisée grâce à la participation de différents acteurs, et pas des moindres:

– MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE

– EDF

– PROMOTELEC

– ASSEMBLÉE PERMANENTE DES CHAMBRES D’AGRICULTURE

– GROUPAMA

Dès la troisième page du document, le but  de cette plaquette est clairement annoncé: « Son but est d’informer les professionnels des exploitations d’élevage sur les manifestations indésirables du courant électrique. Informer également sur quelques dispositions simples qui permettent de s’en prémunir, au premier rang desquelles figure la qualité de la conception et de l’entretien des installations électriques »

 

Une plaquette pédagogique à destination des éleveurs d’animaux

La première partie de cette plaquette à destination des éleveurs d’animaux a une vocation pédagogique. jusqu’à la page 10, les grands principes de base de l’électricité sont très bien expliqués grâce à un vocabulaire compréhensible par tous, et des dessins ou photographies explicites.

On y apprend notamment, à la page 8 intitulée « Petites causes, grands effets. Les valeurs caractéristiques du courant électrique« , les effets provoqués par le courant électrique. Les effets calorifiques, magnétiques et chimiques sont brièvement résumés.

Les règles de base d’une bonne installation électrique

De la page 11 à la page 13, les principes de base d’une installation électrique sont rappelés.

Les règles des bonnes pratiques concernant le tableau de répartition, la phase (en rouge), le neutre (en bleu), la mise à la terre, le disjoncteur différentiel, la masse des partie métalliques des appareils électriques, les liaisons équipotentielles sont résumées.

Les mesures à prendre contre la foudre et les fuites de courant sont également abordées.

Les phénomènes électriques parasites

C’est à la page 15 que cette plaquette devient vraiment intéressante, car elle y aborde et explique les phénomènes présents au quotidien dans chaque habitation: Les champs électromagnétiques.

On y apprend donc qu’un champ électromagnétique est la combinaison d’un champs électrique et d’un champ magnétique.

Le champ électrique se mesurant en V/m (Volts par mètre).

Le champ magnétique se mesurant en T (Tesla) ou μT (micro Tesla).

On nous indique aussi que la plupart des matériaux courants (cloison, bois, brique, plastique…) n’arrêtent pas les champs magnétiques.

Les champs électriques et magnétiques

La page 16 affiche dans un tableau les valeurs des champs électriques et magnétique pour la plupart des objets électriques du quotidien (rasoir, sèche-cheveux,etc) mais aussi les lignes électriques aériennes.

En comparant les valeurs indiquée par la plaquette et le tableau ci-dessous, on remarque que les valeurs maxi trouvées sous le pylône d’une ligne à 400 000 volts correspondent exactement aux valeurs maxi préconisées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Ça alors, c’est incroyable. Quelle coïncidence!!! Pile-poil 5000 V/m sous la ligne à 400 000 volts, comme le préconise l’OMS.

Ci-dessous le tableau des limites d’exposition recommandées par l’OMS dans le cas des lignes électriques. En fait, ces valeurs sont fixées par La CIPRNI (Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants) qui est une organisation non-gouvernementale officiellement reconnue par l’OMS.

Fréquence du courant européen

Fréquence des bases de téléphones portables

Fréquence des fours à micro-ondes

Fréquence

50 Hz

50 Hz

900 MHz

1.8 GHz

2.45 GHz

Champ électrique (V/m)

Champ magnétique (µT)

Densité du courant (W/m2)

Densité du courant (W/m2)

Densité du courant (W/m2)

Limites d’exposition du public

5 000

100

4.5

9

10

Limites d’exposition professionnelle

10 000

500

22.5

45

 

Ces valeurs limites -appliquées en France- sont beaucoup trop élevées.

La France calque ses valeurs limites sur celles de L’OMS

En résumé, la France calque ses valeurs limites sur celles préconisées par l’OMS/CIPRNI  qui sont donc:

– Champ électrique: 5000 V/m (volts/mètre)

– Champ magnétique: 100 µT (micro Tesla) ou 1 G (Gauss)

Les États-Unis appliquent des valeurs 500 fois moins élevées qu’en France

Les États-unis appliquent les valeurs préconisées par le Conseil National Américain de Protection contre les Radiations (NCRP):

– Champ électrique: 10 V/m (volts/mètre) soit 500 fois moins élevé qu’en France

– Champ magnétique: 0,2 µT (microTesla) ou 2 mG (milliGauss) soit 500 fois moins élevé qu’en France

L’Allemagne applique des valeurs 3000 fois moins élevées qu’en France

L’Allemagne applique les valeurs préconisées par l’organisme Allemand MAES/SBM2008 (Biologie de l’habitat):

– Champ électrique: 1,5 V/m (volts/mètre) soit 3000 fois moins élevé qu’en France

– Champ magnétique: 0,1 µT (microTesla) ou 1 mG (milliGauss) soit 1000 fois moins élevé qu’en France

 

Dans tous les cas, il n’est pas conseillé de faire paître ses vaches sous une ligne à haute tension. Mr et Mme Charuel, éleveurs de bovins dans le sud de la Manche pourront vous le confirmer.

 

Les manifestations des courants parasites

A partir de la page 20, la plaquette explique la plupart des phénomènes électriques parasites provoquant des effets nuisibles pour le bien-être des animaux.

Le plus connu de ces phénomènes étant la « tension de contact » communément appelée la « poignée de châtaigne » qui est un défaut d’isolement ou de mises à la terre. Ces courants parasites ou « vagabond » génèrent un stress évident chez les animaux.

Les seuils de perception et de perturbation

Page 22: « Chez les bovins : Les études réalisées montrent que pour des tensions de 4 à 5 volts appliquées entre le museau et les pattes, il n’y a pas de baisse de l’abreuvement ni de la production. »

On espère simplement que la CIPRNI ne s’est pas contentée de ce genre d’expérience pour fixer les valeurs limites de l’exposition aux champs électromagnétiques!

La mesure des phénomènes électriques parasites

Tout un tas d’appareils de mesures sont capables de détecter ces phénomènes électriques parasites. La plaquette précise que: « Toute mesure est délicate. Il est toujours préférable de faire appel à un technicien pour confirmer et interpréter les valeurs mesurées. La mesure des courants transitoires en particulier ne peut être effectuée que par un spécialiste car elle nécessite un appareillage spécifique. »

Nous sommes tout à fait d’accord avec cette affirmation. Il faut des techniciens sérieux et compétents (des bio-électriciens ou des consultants CEM) pour effectuer ces mesures précises afin de pouvoir établir un diagnostic.

Quelques solutions simples

Maillage équipotentiel relié à toutes les masses conductrices, liaison équipotentielle des installations, piquets de terre, choix de matériaux antistatiques, etc. Les solutions sont multiples et variées en fonction du phénomène électrique parasite à résoudre.

Comme le résume très bien la plaquette: « Les phénomènes électriques parasites, bien qu’ils ne soient pas toujours faciles à maîtriser, sont bien connus, explicables et mesurables. Ils ne se manifestent que très exceptionnellement avec une intensité suffisante pour provoquer, à eux seuls, des perturbations susceptibles d’altérer la production et la santé des animaux de l’élevage. »

La conclusion

Conclusion de la plaquette: « Lorsque l’on constate des signes anormaux dans le comportement des animaux de l’élevage, la démarche d’investigation pour en déterminer les causes doit être globale. Sauf défaillance évidente de l’installation électrique, les responsables du suivi sanitaire des animaux, ou d’autres professionnels de la santé animale, doivent être sollicités en premier lieu. Ils sont normalement en mesure de les diagnostiquer et de les traiter. »

Très bien. Mais si l’on extrapole cette analyse des perturbations électriques subies par le monde animal aux perturbations ressenties par les personnes EHS (ElectroHyper Sensibles) depuis le déploiement des compteurs Linky et l’utilisation massive du CPL (courant porteur en ligne) sur les réseaux domestiques, une question apparaît immédiatement:

Pourquoi rien de semblable n’est fait pour rechercher les causes des troubles perçus par les EHS?

Pourquoi une plaquette similaire n’existe t-elle pas pour traiter du problème des CEM sur l’humain?

Suite de la conclusion de la plaquette: « Si le problème persiste, l’examen de l’environnement électrique peut alors s’avérer nécessaire. Un diagnostic précis doit être effectué avec l’aide de professionnels compétents, selon des méthodes approuvées qui seront référencées dans un rapport de mesures. Une fois les causes identifiées, des solutions efficaces aux problèmes posés pourront être apportées »

 

 

2 Commentaires

  • Ce n’est pas nouveau que des élevages sont perturbés par des nuisances électromagnétiques et il y a déjà eu des procès contre RTE. Ce sont les courants induits dans le corps qui perturbe le système nerveux ou cardiaque dans le cas des champs électromagnétiques de basse fréquence (équipements et appareillages électriques, lignes à haute tension). source : ” La prévention des risques des champs électromagnétiques ” : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/rayonnements/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=126&dossid=338

  • Bonjour,

    Je ne connaissais pas ce rapport.
    Merci pour votre article qui m’a donné envie de creuser le sujet. J’espère que vous pourrez m’aider.

    Je ne connais pas l’organisme Allemand « MAES/SBM2008 », mais les valeurs préconisées semblent vraiment faibles (surtout en comparaison des normes appliquées chez nous). Pouvez-vous m’indiquer de quel rapport sont extrait ces conclusions ? Je ne trouve même pas un site web qui les contextualises…

    Je me permets aussi d’ajouter quelques réflexions :
    A la lecture de votre article, on peut penser que ce sont les rayonnements électromagnétiques qui sont directement la cause des effets négatifs sur les animaux. Or, ce n’est pas comme cela que je comprends le rapport. En effet, il identifie les courants vagabonds et le couplage par rayonnement comme sources potentielles d’effets négatifs. La partie relative au rayonnement électromagnétique n’est là que pour donner la base physique pour comprendre le phénomène de couplage exposé page 19.
    D’ailleurs, d’après leur avocat, les courants vagabonds qui ont forcé RTE à dédommager les agriculteurs cités en exemple, pas les rayonnements électromagnétiques de la ligne haute tension.

    Aussi, je ne comprends pas vraiment comment Linky peut reproduire chez nous les mêmes effets négatifs :
    – Des courants vagabonds ? Un carrelage n’est pas conducteur comme peut l’être de la terre humide et la mise à la terre évacue précisément ces courants à l’extérieur des bâtiments, non ?
    – Couplages par rayonnement ? Les tensions semblent bien trop faibles. Probablement quelques Volts contre 400 kV.

    Enfin, depuis la rédaction de votre article est paru une étude très complète sur les EHS qui vous intéressera sans doute :
    https://www.anses.fr/en/system/files/AP2011SA0150Ra.pdf

    Cordialement,

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